Les adeptes de la course à pied sont de plus en nombreux. Ils y consacrent du temps... et de l’argent. Enquête sur un phénomène qui bouleverse les modes de vie.
De plus en plus nombreux, de plus en plus accros et de plus en plus dépensiers. Les adeptes de la course à pied multiplient les sorties, se ruent vers les nouvelles technologies qui promettent d'optimiser leurs chances de réussite, font attention à ce qu'ils mangent et se disent prêts à relever les défis les plus fous. « C'est ma drogue », reconnaît Roméo. Ce Marseillais de 47 ans fait partie des 5 millions de Français qui ont fait du running leur sport de prédilection. Treize ans de pratique et 18 marathons au compteur. Et encore, il ne compte pas les épreuves de 10 et de 20 km!
« La règle, c'est une course par mois », précise-t-il, se situant bien au-dessus de la moyenne des runners français (1,3 épreuve par an) et, même, du compétiteur lambda (5 épreuves). Preuve que le footing du week-end rend addict, la distance parcourue s'allonge avec l'âge. Selon une étude de l'Union sport & cycle, on participe à un 10 km à 41 ans, un marathon (42,195 km) à 43 ans et un 100 km à… 56 ans ! Si l'âge moyen du runner occasionnel est de 40 ans, les compétiteurs, eux, ont deux ans de plus.
« Il existe différents profils de coureurs, nuance Annette Sergent, championne du monde de cross-country en 1987 et en 1989, devenue sophrologue. La seule certitude, c'est que ça fait du bien, voilà pourquoi on y retourne. »
«C'est accessible et on progresse vite»
Un sentiment de mieux-être, voilà donc ce qui motiverait les 13,5 millions de Français adeptes de la course à pied. Une partie d'entre eux, interrogés par l'Observatoire du running, mettent en avant les bénéfices sur la santé et le plaisir procuré par cette pratique. « Les rythmes de vie se sont accélérés, on est toujours sous tension, observe Annette Sergent. Or le jogging permet de faire redescendre la pression, d'évacuer le stress. »
Une manière de se reconnecter à soi et à son environnement, comme le faisaient nos aînés, qui chassaient autrefois les tensions en se déplaçant davantage à pied ou à vélo. « Les Français ont pris conscience qu'il fallait compenser la sédentarité en pratiquant une activité physique, fait remarquer Martine Prévost, médecin du sport à Limoges. L'avantage du running, c'est son accessibilité. Il suffit d'une paire de chaussures et d'un tee-shirt pour courir, en ville ou à la campagne. Et on progresse vite. »
Une aubaine pour un sportif en quête d'estime de soi. « La course à pied devient une valeur refuge, témoigne Mélanie, elle-même accro au footing. Quand on est stressé, on fait une sortie pour s'apaiser et relativiser. » Annette Sergent décrit la mécanique vertueuse qui s'enclenche alors : « Au bout d'un certain temps, variable selon les personnes, on sécrète de l'endorphine, cette hormone qui engendre un sentiment de plénitude. » Elle ajoute : « C'est important d'habiter son corps. Courir, progresser et repousser ses limites permet d'agrandir son espace intérieur. »
La sensation de bien-être rend accro
Les vertus médicales de la course à pied ne sont plus à prouver. « Cela développe les capacités pulmonaires et cardiaques, diminue le risque d'ostéoporose – une fragilisation des os – et de maladies liées au diabète, ou agit contre l'anxiété », détaille Martine Prévost. A condition que les séances soient régulières, à savoir deux heures et demie de course par semaine, à intensité modérée.
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